la malvenue by la malvenue

la malvenue by la malvenue

Auteur:la malvenue [malvenue, la]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-06-16T14:24:23+00:00


Ce n’est pas le vent qui l’a réveillé. Il est surpris de prendre conscience au milieu de la nuit. C’est sans doute le froid qui l’a tiré du sommeil en lui mettant ses invisibles sangsues au museau coupant, qui ont sucé le sang chaud de ses épaules pour le remplacer par des glaçons. Dehors la pluie est toujours poursuivie par le vent. Le toit crépite. L’eau a réussi à pénétrer dans la chambre par une fissure. Des gouttes tombent sur le sol. Les premières n’ont pas fait de bruit en tombant, mais, à présent, toutes celles qui sont à terre forment une flaque dans laquelle les autres éclatent. Le bruit de ces gouttes tient Moarc’h de plus en plus éloigné du sommeil, et lui fait penser à une Malnoue céleste. Pour se rendormir il appuie la couette sur son oreille.

Soudain, un choc sourd ébranle le plafond et redresse le fermier. Ce bruit vient d’au-dessus. Bientôt, c’est un puissant, un long roulement à même le plancher du grenier. La charpente craque. Moarc’h reste immobile, figé de surprise, et retient son souffle pour mieux entendre. Mais, là-haut, le bruit cesse et ne se renouvelle pas. Le Breton a trouvé : un rat – et Dieu sait s’il y en a dans ce grenier – a dû faire tomber la grosse boule de bois du jeu de quilles. C’est elle qui a roulé.

Et, se remettant entre le chaud des draps, il se rappelle ces fameuses parties d’autrefois avec le beau-père et les autres. Elle roulait bigrement bien cette boule. Son poids l’entraînait juste où l’on voulait, à condition, bien sûr, de bien la connaître comme on connaît un bon outil. Il s’endort enfin en pensant qu’il faudra monter la ramasser et la caler dans un coin pour qu’elle ne lui fasse plus de ces peurs subites.

Et sa main esquisse le geste de la prendre par les trous creusés à même son bois : orbites et nez creux qui lui donnent l’aspect d’un vieux crâne décharné.

***

Il est presque midi lorsque Moarc’h se souvient de la boule et de son intention d’aller la remettre à l’ordre dans le grenier. Comme il lui reste un moment de libre avant de manger, il grimpe là-haut. Dès qu’il a levé la trappe, la poussière le prend à la gorge. Tout de suite le plancher du grenier craque et grince. Le sec le rend bavard. Une toile d’araignée se colle sur son visage et fait frémir sa peau. Il passe à côté de la tête de pierre. En l’apercevant il a la surprise d’une redécouverte. Pour lui, elle appartient déjà aux souvenirs lointains, et, comme eux, qui sait si elle ne va pas rester là des années. Puisque les antiquaires de la ville n’en veulent pas, qui en voudrait ? À peine l’a-t-il dépassée de quelques pas qu’à nouveau il l’a oubliée. Il regarde vers le tas de grains étalés entre les planches qui les retiennent. Il s’en approche et, avec la pelle de bois posée contre, les remue après avoir enlevé quelques souillures durcies faites là par un chat.



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